L’importance de la mise en réseau des acteurs du secteur santé-social de la région pour la santé à domicile et la protection du 3ème âge.

Le mercredi 22 mai l’organisation d’aide et de soins à domicile ASAD a accueilli les représentants des communes de la vallée de Tavannes et du Petit-val, ainsi que des services sociaux de l’Orval et de Tavannes. Le thème de la santé à domicile des citoyens de la région, notamment des citoyens du 3ème âge, a été au cœur de cette rencontre. Quels sont les enjeux pour les communes, les services sociaux et l’organisation d’aide et de soins à domicile ? Comment honorer les postulats de la politique du 3ème âge du canton de Berne, alors que le canton lui-même continue d’économiser sur les moyens alloués à la protection et à l’accès aux soins ambulatoires de cette population ?

« L’étude sur la politique du 3ème âge dit que les communes doivent s’inquiéter que les personnes âgées aient accès à l’aide et aux soins et qu’elles soient soutenues pour pouvoir vivre dignement. Sur le principe, c’est la SAP et les communes, en coopération, qui doivent assurer les prestations requises en faveur des personnes âgées nécessitant des soins ou un encadrement », explique Fabienne Secchi, maire de Loveresse.

Jean-Marc Knuchel, président de l’ASAD, explique que, dans la pratique, « au même titre que les hôpitaux, EMS et branches spécialisées, une partie du financement de nos prestations décrites dans la LAMal est assurée par les caisses maladie, et une partie par le responsable du financement résiduel des soins : le canton. Toutefois, pour les prestations non couvertes par l’assurance obligatoire des soins, telles que l’aide au ménage ou la téléalarme, le financement est plus laborieux. Pour certains bénéficiaires de soins les prestations d’aide peuvent être l’élément essentiel qui permet le maintien à domicile. Mais ils peuvent être également source de difficultés financières. »

Elément aggravant des difficultés financières des personnes du 3ème âge nécessitant d’aide et de soins, l’introduction de la participation aux frais des soins depuis le 1er avril 2018.  Depuis l’introduction de cette mesure, votée par le Grand Conseil, les personnes de 65 ans et plus doivent participer financièrement aux coûts des soins dont ils ont besoin, pour un montant maximal de Sfr 15.95 par jour. Cette participation financière des patients a pour but direct de réduire le montant à charge du canton.

Les représentants communaux présents, très sensibles aux difficultés financières auxquelles leurs citoyens âgés peuvent être confrontés, reviennent sur l’importance d’informer la population des aides possibles qui doivent être activées. « Les personnes à l’âge AVS payent leurs primes d’assurance maladie, la franchise, la quote-part de 10% et la participation financière aux coûts des soins. Les prestations d’aide au ménage et la téléalarme sont également à leur charge. Souvent, les personnes qui ne peuvent pas assumer ces coûts n’osent pas faire appel à ces prestations. Elles sont pourtant essentielles à maintenir un niveau de santé stable et des conditions de vie dignes, tout en leur permettant de rester en sécurité chez eux. Les prestations complémentaires à l’AVS existent pour combler le manque financier et il faut y faire appel ! De plus, pour les prestations non couvertes, les communes devraient pouvoir jouer un rôle subsidiaire pour qu’aucune personne ne se retrouve sans accès à ces prestations », complète Jacques-Henri Jufer, maire de Valbirse.

Lucia Cardoso, directrice de l’ASAD, revient sur la place actuelle des organisations d’aide et de soins à domicile, qui sont, avant tout, des « fournisseurs de prestations d’aide et de soins, spécialistes de la santé à domicile. Notre rôle est de développer et proposer des prestations de qualité, adaptées aux besoins de nos patients. Nos interventions nous permettent parfois d’identifier des situations de précarité financière. Nous pouvons ainsi orienter ces personnes vers les communes et les services sociaux pour que le besoin en aide et en soins ne soit pas un facteur qui aggraverait encore plus une situation déjà critique. »

Les intervenants de l’ASAD ont également relevé l’importance de l’action des services sociaux lorsqu’une situation présente des difficultés à plusieurs niveaux. L’évaluation infirmière par les soins à domicile permet d’identifier les besoins en matière de soins, mais également en matière de sécurisation de l’habitat et moyens auxiliaires (lit électrique, déambulateur, etc.). Le service social s’occupe de l’évaluation des ressources financières et organise les démarches auprès des fournisseurs et artisans. « Le travail en réseau des deux organisations a permis de débloquer et améliorer considérablement la situation de certains patients à domicile en quelques semaines seulement ! » ajoute Mme Cardoso.

Christian Graber, médecin de famille installé dans la Vallée de Tavannes, fait part de son expérience et met en évidence l’importance de la mise en réseau des différents acteurs du secteur santé-social, essentielle au maintien à domicile. Il remercie également l’ASAD pour sa ténacité à se développer et perfectionner en continu les prestations offertes malgré les contraintes financières imposées, ainsi que pour le dévouement de chaque professionnelle auprès des patients soignés.